L’annonce de la Délétion 22q11
L’annonce du diagnostic signifie qu’une vie différente, dont on n’a pas le mode d’emploi, commence. Très vite, on saisit que c’est le début d’une situation particulière. Les questions sur l’avenir de l’enfant restent sans réponses : « Chaque enfant porteur de la Délétion est touché différemment», c’est l’inconnu !
La Délétion 22q11 est difficile à comprendre. Les informations sont nombreuses et parfois graves ou inquiétantes. Cette maladie rare n’est pas connue dans la population générale et se présente sous la forme d’un syndrome aux multiples conséquences. L’émotion qui envahit les parents est très forte. La personne qui reçoit l’information est sous le choc, sidérée avec une difficulté à penser.
L’annonce du diagnostic est un moment également difficile pour le soignant, il va pour cela proposer aux familles de rester à leur disposition pour les revoir.
Lorsque l’annonce est faite par le généticien dans un Centre de Référence, elle se fait en présence d’un psychologue bien qu’il existe encore malheureusement des cas d’annonce de diagnostic qui soient faites par téléphone, à l’un des parents seulement ou encore par courrier. Les familles peuvent reprendre rendez-vous avec le psychologue au sein de l’hôpital en fonction de leurs besoins.
En effet l’annonce de diagnostic a un fort retentissement psychologique qui peut provoquer du déni, une situation d’isolement, un sentiment d’incompréhension, de la peur, de la colère, jusqu’à un état dépressif. En plus de ces états psychologiques, différents d’une personne à l’autre, on remarque que le point commun chez les parents est de développer un sentiment de culpabilité.
L’âge de l’enfant et l’aspect génétique
Le retour d’expérience des familles montre que la réaction des parents est différente selon l’âge de l’enfant au moment du diagnostic. On peut parler de trois moments différents :
Lorsque l’annonce se fait autour de la naissance de l’enfant, c’est un moment qui mélange les sentiments chez les parents, celui de la joie d’avoir un enfant et la tristesse qu’il ne soit pas en parfaite santé. En général, les parents et l’enfant sont accompagnés sur le plan médical et psychologique par l’équipe hospitalière, les parents tiennent compte dès la naissance de l’aspect génétique qui rendra plus spécifiques les prises en charge.
Lorsque l’annonce se fait dans l’enfance, les parents peuvent se sentir soulagés dans un premier temps, pour ensuite retrouver rapidement, des questionnements. Ils savent enfin en partie pourquoi leur enfant présente des difficultés, cette cause génétique porte un nom, ils vont pouvoir obtenir des informations et les partager.
Lorsque le diagnostic est posé tardivement, c’est souvent à un moment où l’enfant traverse une étape difficile proche de l’adolescence ou lorsqu’il est jeune adulte. Le diagnostic tardif peut donner l’impression aux familles, et à la personne concernée, de ne pas avoir bénéficié d’un accompagnement adapté. Il n’est peut-être pas le soulagement qu’ils pouvaient espérer car maintenant ils sont face à une situation durable et n’ont pas davantage de certitude sur l’avenir de leur enfant, le syndrome a des effets variables.
Le côté positif d’avoir un diagnostic est de poser un pied dans la réalité. Avant d’en prendre connaissance, il n’est pas rare d’être entouré de personnes bienveillantes qui rassurent les parents face au retard du développement de leur enfant par exemple, ou face à un retard de langage : « Ne t’inquiète il y a des enfants qui parlent tard » « tu t’inquiètes pour rien, il entend bien, il parlera ! » etc. Cette sollicitude n’est pas la meilleure attitude car pouvoir poser un diagnostic ouvre les portes d’une meilleure prise en charge. L’errance de diagnostic est difficile et aboutit à un plus grand isolement des familles, à un repli sur elles-mêmes.
Réussir petit à petit à voir les choses en face, prendre la mesure de la situation, vaincre ses peurs, comprendre et vivre avec la Délétion 22q11. Le processus va prendre certainement beaucoup de temps, cela se fera au rythme de chacun, le temps de la mère ne sera pas forcément le même que celui du père. Chacun réagit à sa manière et dans les limites de ce qu’il peut supporter.
Ce qui se dégage de l’expérience des personnes concernées c’est la nécessité de la parole. Parler au sein du couple, avec ses proches, dans des groupes de soutien et aussi avec des psychologues si on le désire.